La laïcité, rien que la laïcité, toute la laïcité :
Et si l’aumônerie scolaire était une réponse ?
Même si la religiosité de l’abaya n’est pas consacrée, l’islam, religion et culture, est au coeur de la crise
actuelle. L’aumônier scolaire musulman dont la présence est rendue obligatoire par la loi est inexistant dans les écoles, les médias et le débat. Ce faisant, une double erreur est commise : le non-respect de la loi et surtout, se priver de relais dont le rôle de passerelles est précieux et salvateur pour la Nation.
Dire la loi, hors la loi
L’Aumônerie est un droit constitutionnel reconnu par la loi ainsi que par le ministère de l’Education nationale. La loi de 1905 prévoit des aumôneries pour tous les cultes dans son article 2 : « … Pourront toutefois être inscrites auxdits budgets les dépenses relatives à des services d'aumônerie et destinées à assurer le libre exercice des cultes dans les établissements publics tels que lycées, collèges, écoles, hospices, asiles et prisons. ». S’il existe bien dans l’armée, les prisons et les hôpitaux, des aumôneries musulmanes, il n’y en a aucune dans les collèges et les lycées publics. « Nous comptons 1640 aumôniers scolaires catholiques, 16 protestants et 5 israélites mais 0 musulmanes » souligne le Dr Benjamin Farhat de l’EHESS.
Une laïcité « détournée et diminuée »
La crise actuelle révèle plusieurs enseignements : la laïcité n’est pas employée à bon escient puisque le vêtement incriminé n’est consacré comme « religieux » par aucune autorité religieuse française. Seuls les identitaires et autres « imams virtuels autoproclamés » le disent religieux et obligatoire canoniquement. La décision poli que interdisant l’abaya dans l’enceinte scolaire confirme donc, malgré elle, la position on de ces fondamentalistes, augmentant ainsi leur influence auprès de la jeunesse.
Pour réconcilier cette jeunesse en défiance avec la République, ses valeurs et ses principes, notamment la laïcité, il est nécessaire de disposer de relais à même de puiser dans le fait islamique les universels nécessaires à la défense de la laïcité. Ces « ambassadeurs » sont capables d’accompagner l’instituons scolaire dans son entreprise pédagogique. L’aumônerie scolaire musulmane est une réponse idoine qu’il est aujourd’hui indispensable de développer et de promouvoir.
L’aumônier musulman, une triple utilité
L’Aumônier est peu connu chez les musulmans. Il sera le référent spirituel des élèves musulmans. Sa mission est d’accompagner spirituellement les croyants .. La République a donc prévu que les collégiens et les lycéens puissent avoir un accompagnement religieux . l’intérieur des établissements, il suffit d’en faire la demande, c’est un droit. L’aumônier musulman est également utile aux élèves non musulmans puisqu’il peut dispenser un discours objectif sur le fait islamique, c’est à dire, parler de l’islam d’un point de vue historique, scientifique et non confessant. La troisième utilité enfin de l’aumônier musulman et peut-être la plus importante au regard de la crise actuelle, c’est d’être le relais de l’enseignant et de l’institution scolaire. Il est celui qui va pouvoir évoquer le « gymnase » d’Averroès pour répondre aux rigoristes interdisant le sport aux jeunes filles, ou celui qui va évoquer l’inclination aux valeurs esthétiques de la civilisation islamique pour déconstruire tout discours d’interdiction de la musique (Cf le Campus Lumières d’Islam de la Fondation de l’Islam de France).
L’aumônier musulman, laïquement nécessaire
Au-delà du débat ves mentaire, la crise de l’abaya révèle l’urgence de réconcilier la frange musulmane de la jeunesse française avec la laïcité, en lui montrant que la République n’est pas l’ennemi des croyances et que la laïcité est un principe qui permet de nourrir le commun, de protéger la liberté de conscience et de garantir l’égalité devant la loi. Nous constatons que depuis 40 ans, les crises se succèdent créant un fossé de plus en plus important entre la République et une partie de la Jeunesse de France à travers une laïcité perçue comme restrictive des droits et des libertés.
Les parents, rôle et droits
La circulaire évoquant l’aumônerie scolaire musulmane impose que les parents formulent leur demande par écrit dans les deux semaines de la rentrée. « Nous invitons donc tous les parents musulmans ayant des enfants au collège ou au lycée à en faire la demande dans la semaine par lettre recommandée avec A.R. au chef d’établissement en précisant le nom et prénom de l’enfant, sa classe, l’établissement et en demandant « la création d’une aumônerie musulmane » (un modèle est disponible sur notre site https://aumoneriemusulmanedefrance.fr » souligne Mustafa Arslan, Président de l’Aumônerie Musulmane Française (AMF)
Une France sans offenses
La République n’est pas islamophobe et la laïcité reconnait la liberté de conscience de chacun, l’article premier de la constitution dit -La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances. Son organisation est décentralisée- précise
Christian Jean, Délégué général et porte-parole de l’AMF.
A travers la création des aumôneries scolaires musulmanes, l’Etat va mettre en oeuvre des outils de
dialogue, mais surtout permettre aux enfants d’échapper aux manipulations tout en devenant des
citoyens pleins et entiers dans le respect de leurs croyances, forts des universels que partagent leurs cultures de naissance et leur pays d’appartenance.
La France est belle car elle est fraternelle, égalitaire et reconnait la pleine liberté de conscience.